top of page

Le « sauver des eaux »

juin 7

Temps de lecture : 7 min

2

6


Les mois les plus chauds pointent le bout de leur nez…!


Les bons barbecues en famille ou entre amis et les activités autour des piscines résidentielles vont se faire plus fréquents.


Même si ce sont des moments agréables et de très bons souvenirs qui se construisent, ce sont aussi des mois durant lesquels, la majorité des noyades ont lieu malheureusement. C’est d’ailleurs pendant ces regroupements festifs en fin de semaine, que la plupart du temps, les drames surviennent au Québec.


Et ce sont les enfants qui sont le plus souvent les premiers concernés par ces drames. La noyade représente désormais la première cause de décès chez les enfants âgés de 1 à 4 ans.


D’ailleurs, 12 jeunes victimes de moins de 4 ans ont perdu la vie dans l’eau au Québec à l’été 2020 et les installations de clôtures de protection n’ont pas été suffisantes pour les sauver !!


La plupart du temps l’enfant n’était pas surveillé ou la personne qui le surveillait a été distraite. Pourtant, nous savons tous qu’il suffit d’un court instant d’inattention (ex. : répondre au téléphone, parler à une invitée ou un voisin) pour que le tout-petit, généralement attiré par l’eau, se noie : Rappelons que les noyades ont lieu en silence, en moins de 20 secondes et dans quelques centimètres d’eau.


Lorsque je vivais en Guyane Française, j’étais directrice adjointe d’un jardin d’enfants de 18 mois/3 ans pour une association locale. Mon rôle était entre autres, de mettre en place de nouveaux projets, d’accompagner et de former l’équipe d’éducatrices.


Sensibilisée par le nombre élevé de noyades chez les tout petits, j’avais décidé de mettre en place des cours de bébés nageurs avec mon équipe soutenu par deux maîtres-nageurs expérimentés d’une piscine associative.


Enseigner aux enfants, dès leur plus jeune âge, des précautions simples pour qu’ils acquièrent des compétences de base en natation et en sécurité aquatique, faisait partie de mes priorités.


Ces deux maîtres-nageurs utilisaient des méthodes d’apprentissages ludiques et atypiques.  Au fur et à mesure des semaines, j’ai observé des résultats visibles, y compris chez les enfants les plus craintifs. J’ai retenu trois exercices essentiels que j’aime partager avec les parents qui accompagnent leurs enfants en piscines.  


Le but de ces exercices, selon eux, étaient d’apprendre à l’enfant à accéder jusqu’au bord de la piscine et à se hisser pour en sortir par lui-même. Ils ne remplacent en aucun cas des cours de natation. J’aurai tendance à dire qu’à force de répétitions, les résultats que j’observais étaient de mettre l’enfant à l’aise dans l’eau et dans de bonnes conditions pour comprendre et respecter les mesures de sécurité.


Ces exercices se pratiquent sous forme de jeux, sans bouée, prennent quelques minutes et peuvent s’effectuer à chaque baignade.  L’enfant doit être accompagné par une personne qui est à l’aise dans l’eau. Chaque exercice sera renouvelé plusieurs fois jusqu’à ce que l’enfant ait suffisamment confiance en lui et en l’adulte pour passer à l’exercice suivant. Quelques semaines s’écouleront entre un exercice et un autre puisque chaque enfant aura son rythme d’évolution.


  • Le 1er exercice :


La consigne à l’enfant : « Tu enlèves tes bouées ou ton gilet VFI pour sentir que ton corps ne flotte pas et tu peux sauter sans courir, uniquement lorsque l’adulte est dans l’eau ».


La consigne à l’adulte : L’adulte doit comprendre que les bouées ou les gilets (même s’ils sont indispensables en dehors de ses exercices) envoient une fausse information aux enfants : « mon corps flotte tout le temps ». Alors, il est important que l’adulte explique à l’enfant quel va être l’exercice pour que l’enfant ne perde pas confiance. Et lorsqu’il saute, l’adulte évite de le retenir et le rattrape une fois que tout son corps est immergé, y compris sa tête. La première fois, l’enfant risque de toussoter, ensuite il va être capable de bloquer sa respiration tout seul. L’adulte doit toujours penser à le rassurer et l’encourager pour qu’il ait envie de recommencer. Bien des parents auraient tendance, par peur, à rattraper leurs enfants avant qu’ils ne mettent la tête sous l’eau mais le problème est qu’ils recevraient de fausses informations également. Ils pourraient penser, comme avec les bouées, qu’ils flottent tout le temps, ce qui serait dangereux pour eux.


  • Le 2eme exercice :


La consigne à l’enfant : « Lorsque tu sautes, tu dois toujours ouvrir les yeux dans l’eau et remuer tes pieds. Le but étant que tu puisses attraper mes mains ou le tube flotteur que je te tends. Au fur et à mesure que tu es à l’aise, tu peux te tenir tout seul, durant un moment avec le tube flotteur et te déplacer en remuant tes petits pieds, tout près de moi ».


La consigne à l’adulte : Au moment où l’enfant saute dans l’eau, l’adulte le laisse s’immerger complètement pour qu’il sente et qu’il ait conscience que son corps coule, sans bouées ni gilet. L’enfant comprend que tant qu’il ne sait pas encore nager, il a besoin de la présence de l’adulte. Il peut comprendre aussi qu’en remuant ses pieds et en ouvrant ses yeux, il est capable de se déplacer sous l’eau et aller vers l’adulte qui se tient tout près. Au fil des semaines, il pourra aussi gagner en autonomie en se déplaçant tout seul avec le tube flotteur sous l’œil bienveillant de l’adulte. L’exercice peut se terminer en montrant à l’enfant comment sortir du bassin tout seul en le soutenant un peu sous les fesses. Après avoir recommencer plusieurs fois cet exercice, l’enfant remet ses bouées ou son gilet VFI.


  • Le 3eme exercice :


La consigne à l’enfant : « Lorsque tu es à l’aise avec les sauts et lorsque tu sais attraper mes mains ou le tube flotteur que je te tends, je vais t’apprendre à te mettre sur le dos. Sois rassuré, je tiens mes mains sous ta tête. Et toi, ton travail c’est de remuer les pieds. Moi je suis là et je t’encourage. »


La consigne à l’adulte : L’adulte ne doit jamais lâcher la tête de l’enfant. Il doit encourager l’enfant à remuer ses pieds tantôt en jouant avec lui, tantôt en le rassurant. Si l’enfant a peur, l’adulte peut aussi mettre une main sous ses reins. Le but étant que l’enfant soit capable de se mettre tout seul sur le dos et qu’au fil des semaines il puisse tenir sur le dos sans maintien et remuer ses pieds pour arriver jusqu’au bord de la piscine. La séance se termine toujours avec une main sous les fesses pour que l’enfant essai de sortir tout seul du bassin.


De cours en cours, j’ai observé chez les enfants de mon jardin d’enfants, deux extrêmes :


  • Les enfants trop craintifs dans l’eau pour commencer l’exercice 1, alors des jeux d’eau comme courir sur des tapis, traverser des tunnels flottants, lancer des ballons flotteurs, souffler dans l’eau… leur étaient proposé. Ceci dans le but qu’ils se sentent plus à l’aise et qu’ils soient capable d’expérimenter l’exercice 1. Et au lieu de tenir l’enfant dans ses bras, l’adulte peut demander à l’enfant de se tenir au tube flotteur et se mettre juste derrière lui. En avançant il peut faire le bruit de la moto par exemple. Ces jeux dans l’eau se proposent aussi avec les enfants qui effectuent leurs exercices.


  • Des enfants tellement à l’aise dans l’eau qu’ils n’écoutaient pas du tout les consignes avant de sauter dans l’eau. Le danger étant plus grand pour eux, alors un recadrage autour des règles de sécurité de la part des maîtres-nageurs était nécessaire. L’intérêt étant de leur faire comprendre et respecter les consignes de l’exercice 2 et 3 et de les « sauver des eaux » avant qu’un accident arrive.

 

Ces maîtres-nageurs avec qui j’ai collaboré pendant 2 ans appelaient leur méthode d’apprentissage, le « Sauver des eaux » : Sauter en ouvrant les yeux (toujours lorsqu’un adulte est dans l’eau), remuer les pieds, se mettre sur le dos tout seul, remuer encore les pieds jusqu’aux bords de la piscine et sortir sans aide du bassin. Cette méthode peut s’enseigner, dès que l’enfant accède à la marche, de manière ludique et rassurante. Les acquisitions durant ces exercices peuvent prendre des mois, c’est pourquoi, les adultes qui accompagnent les enfants doivent s’armer de patiente.


J’ai tellement apprécié ces exercices « sauver des eaux » pour leur coté sécurisant, bienveillant et amusant que je les propose à tous les parents qui souhaitent enseigner tranquillement les compétences de base à leurs enfants dans leur piscine privée.


Pour conclure, il est important de rappeler aux parents qui auront envie de sensibiliser leurs enfants aux exercices « sauver des eaux » :


  • Que ces exercices ne remplaceront jamais des cours de natation avec des professionnels qualifiées ou des cours de bébés nageurs qui sont aussi une belle manière de passer du temps avec son bébé et de solidifier sa relation parent/enfant. Je ne connais pas d’autre activité durant laquelle les parents ne sont pas distraits par leur mobile.

 

  • Qu’en dehors de ces exercices, les enfants qui ne savent pas nager doivent en tout temps porter un gilet VFI ou des bouées. Les flotteurs et les jouets d’eau utilisés pendant les exercices « sauver des eaux » ne sont pas des dispositifs de sécurité.

 

  • Que pendant et en dehors de ces exercices, le tout-petit doit toujours se trouver près de l’adulte lorsqu’il est dans l’eau ou à proximité de l’eau.

 

  • Que des règles simples de sécurité doivent être imposées à l’enfant. Elles lui permettront d’avoir conscience du danger et le préviendront d’une éventuelle noyade.

 

  • Que l’adulte s’organise pour rassembler tous les objets dont il aura besoin (ex. : serviettes, crème solaire, téléphone, bouteille d’eau) afin d’éviter de devoir laisser l’enfant sans surveillance.

 

  • Que les accessoires et les jouets utilisés pendant les exercices « sauver des eaux » et la baignade qui s’ensuit soient ranger afin qu’ils ne deviennent pas des tentations pour l’enfant.


Je garde toujours en tête que faire de la prévention avec les tout petits peut éviter qu’un malheur arrive : D’autant plus lorsque l’on sait qu’un drame nous suit toute une vie. Ça en vaut vraiment la peine !



Fatima Weppe, coach familial


« Depuis plus de 20 ans, Œuvrée pour le bien-être des enfants et de leur famille est une de mes plus grandes priorités! J’accompagne les familles afin que les enfants puissent grandir dans une famille harmonieuse avec des parents calmes et sereins. » 

juin 7

Temps de lecture : 7 min

2

6

bottom of page